Il y a des villes… comme ça… certes petites… où il est devenu impossible de trouver un vrai chapeau.
Robert avait fait le voyage à Berne spécialement pour acheter un chapeau noir. « J’veux un vrai, un feutre, un noir et qu’importe le prix, je m’offre du plaisir » avait-il dit.
Berne, capitale politique, cité zaeringienne, est une grande ville pour la Suisse.
« C’est pas ici que les marchands de parapluies doivent faire fortune » pensait-il en déambulant sous les arcades du centre historique, noires de monde, à la recherche d’un grand magasin où il trouverait un chapeau à sa convenance.
« Nous ne vendons plus de chapeaux », lui signifia cette vendeuse avec courtoisie, « mais si vous descendez la rue principale qui mène à la Fosse aux Ours, vous trouverez votre bonheur au bas de cette même rue, sur votre gauche. »
« Ah qu’il est beau ce magasin » s’exclama Robert devant la vitrine : il n’y avait que chapeaux, casquettes et encore des chapeaux en veux-tu en voilà !
Le feutre noir sur la tête, Robert reprit le chemin du retour. Arrivé à destination, il saute hors du train, la fierté inscrite sur son visage. « Monsieur, monsieur » lui cria une voix juste avant que le train ne referme ses portes, « vous oubliez votre chapeau ».